Haubanage d’un arbre : techniques, tarifs et conseils

Lorsque le génie parle de haubans, il se réfère à des câbles de soutien : ponts, passerelles, ouvrages, bateaux… 

En sylviculture, le haubanage est une technique qu’on utilise pour guider ou retenir un arbre à l’aide d’un système de câbles et de colliers.

On recourt en particulier au haubanage lorsqu’un tuteur ne peut pas être utilisé : arbre trop gros, ramure trop proche du sol…

définition haubaner un arbre

Les câbles ont le mérite d’être très « costauds » et de très bien résister à la traction : ils peuvent être réglés, retendus, détendus…

On haubane soit directement le tronc au sol (avec des piquets ou pieux d’ancrage) pour le redresser, soit les branches entre elles à l’intérieur du houppier, pour ne pas qu’il y ait de rupture à la jonction.

Pourquoi, quand et comment haubaner un arbre qui penche : le guide complet.

arbre qui penche

Le charme d'un arbre qui penche...

Pourquoi haubaner un arbre ?

Pour redresser un arbre qui penche ou relever un arbre qui a été déraciné vous pouvez les haubaner. On décide effectivement de haubaner un arbre :

  • Lorsque les branches risquent de se séparer au point de jonction : pour maintenir deux branches qui s’écartent ou pour soutenir une branche fragilisée avec risque de rupture potentielle
  • Pour remettre un arbre droit : lorsqu’un arbre est penché et qu’on souhaite le redresser, par exemple si le risque de rupture mécanique est élevé, afin d’éviter la casse
  • Pour redresser un arbre couché par le vent ou pour relever un arbre déraciné : lorsque la tempête a sévi
  • Au moment de la plantation, si l’on sait que l’arbre sera soumis à de forts vents ou si la pente du sol va naturellement l’inciter à pencher 
  • Lorsque le tuteurage ne suffit plus pour le « tenir droit »
arbre couché

... peut vite présenter le danger d'un arbre couché.

À noter qu’une taille, de douce à drastique, peut précéder, voire éviter, les travaux de haubanage, en allégeant l’arbre de ses branches fragilisées ou en orientant sa croissance de manière raisonnée en rééquilibrant le poids de toute sa structure.

Les différentes techniques de haubanage

Jadis, on recourait à des techniques de haubanage qui blessaient les arbres : en perçant ou en cerclant directement le tronc.

branches haubaner

Jonction de branches qui menace de céder

Ces techniques causaient des plaies susceptibles d’accueillir des parasites, champignons ou ravageurs, ainsi qu’une mauvaise cicatrisation de l’arbre.

De nos jours, on utilise systématiquement des systèmes de haubanage qui ne blessent pas l’arbre : cordes, câbles, sangles et gaines protectrices. Les haubans ne bloquent pas l’afflux de sève et permettent à l’arbre de poursuivre une croissance normale.

Il existe deux types de haubanage : statique (rigide) ou dynamique. Le haubanage statique est plutôt apparenté à un haubanage de stabilisation, et le haubanage dynamique à un haubanage préventif. Le choix du type de haubanage est fonction de la nature et de la localisation de la faiblesse.

schéma haubanage
  • Le haubanage dynamique offre une certaine élasticité qui permettra aux branches de bouger plus librement en réduisant les risques de chocs brusques en cas de vents forts.
    Un hauban dynamique pourra avoir plus ou moins de souplesse selon qu’on souhaite laisser ou non le vent influencer le comportement des branches. Qui plus est le haubanage dynamique offre suffisamment de flexibilité pour s’adapter à la croissance du diamètre des branches sur lequel les haubans sont fixés.
  • Le haubanage statique, ou haubanage rigide, tient plus de la tige d’acier rigide, de manière à stopper l’élargissement d’une fourche entre deux branches. La rigidité limite le mouvement des branches et empêche qu’elle ne s’écarte davantage, les soudant pratiquement entre elles. Il est plus directif et restrictif, et demande un contrôle régulier de l’installation afin de l’adapter au développement de l’arbre.
Le saviez-vous ?


Le fil métallique n’a aucune élasticité. C’est une barre de métal fine et souple. 

Le toron est un assemblage de fils métalliques enroulés hélicoïdalement. Son élasticité est minime. 

Le câble est constitué d’un ensemble de torons enroulés autour d’une âme centrale métallique ou textile (on parle alors de cordage métallique). C’est le même principe avec le cordage naturel (sisal, lin, chanvre) ou synthétique (polypropylène…)

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Comment haubaner un arbre par étapes ?

  1. Déterminez les zones d’ancrage avec le calcul de haubanage 
  2. Installez vos points d’ancrage
    Le point d’ancrage est un pieu, le plus solide possible. 3 points étant la configuration idéale.
    Positionnez le premier pieu dans l’axe des vents dominants. Il doit faire un minimum de 80 cm de hauteur, pour pouvoir être suffisamment fiché dans le sol.
    Un pieu en acier aura le mérite d’être plus résistant et de ne pas risquer de se fissurer sous les coups de masse lorsque vous l’enfoncez, de 40 cm au minimum.
    Il doit être incliné d’environ 30° dans le sens opposé au tronc. Procédez à l’identique pour les 2 ou 3 autres points d’ancrage.
  3. Fixez les serre-câbles sur les pieux
    Un serre-câbles à l’extrémité de chaque pieu se fixera facilement avec un système à étrier
    Veillez à ce que le brin mort soit bien du côté de l’étrier et le brin de travail dans la gorge du serre-câbles. Faites autant de boucles que nécessaire et serrez bien le tout avec écrous et cavaliers.
  4. Placez les tendeurs sur l’arbre
    Placez les courroies avec protection ou tendeurs sur l’arbre, en position détendue.
    Insérez la corde ou le câble dans le serre-câbles, après l’avoir attachée au tendeur, selon le système utilisé (tendeur crochet-œil, serre-câbles, œillet…).

    Répétez pour l’ensemble des points d’attache. Serrez.
  5. Placez les câbles ou cordes gainées sur le tronc à 2/3 de la hauteur. Idéalement au-dessus de la première ligne d’embranchements, ce qui évitera que le câble ne glisse et descende. Attention : utilisez une gaine suffisamment souple et solide pour ne pas blesser l’arbre avec la tension. Certains plastiques finiront par craquer avec les UV.
    Serrez les boulons du serre-câbles.
  6. Élaguez les éventuelles branches basses en contact

  7. Installez et réglez les haubans : pour installer les haubans en cordes, on tresse plusieurs cordes en épissure : sorte de tresses de corde, qui les renforcent. Vissez les tendeurs pour tendre les câbles, en veillant à ce que le tronc soit bien vertical, sans toutefois exagérer la tension.
    Balisez bien les haubans et pieux fichés dans le sol avec un adhésif de couleur, de la peinture ou des petits rubans, afin que personne ne se prenne les pieds dedans et ne chute !

  8. Ajustez la tension. Vous devrez ensuite régulièrement vérifier et ajuster la tension sur les serre-câbles.

Comment réaliser un calcul de haubanage ?

La première étape pour haubaner un arbre est de procéder à un calcul de la longueur de hauban, entre l’arbre et le sol (point d’ancrage). Ce calcul est extrêmement important, car il déterminera la traction et l’angle de redressement.

En génie civil, un calcul de haubanage peut rapidement devenir très complexe : effort horizontal, effort vertical, effort de compression, érosion du sol, nature de la corde ou du câble, matériau, épaisseur, résistance, déformation avec l’humidité et la chaleur, déperdition de résistance dans le temps, exposition au vent…..

À moins d’être ingénieur en mécanique, vous ne parviendrez jamais à parfaitement calculer votre haubanage, autant en faire le deuil.

technique haubanage d'un arbre

Comment réaliser un calcul de haubanage ?

La première étape pour haubaner un arbre est de procéder à un calcul de la longueur de hauban, entre l’arbre et le sol (point d’ancrage). Ce calcul est extrêmement important, car il déterminera la traction et l’angle de redressement.

En génie civil, un calcul de haubanage peut rapidement devenir très complexe : effort horizontal, effort vertical, effort de compression, érosion du sol, nature de la corde ou du câble, matériau, épaisseur, résistance, déformation avec l’humidité et la chaleur, déperdition de résistance dans le temps, exposition au vent…..

À moins d’être ingénieur en mécanique, vous ne parviendrez jamais à parfaitement calculer votre haubanage, autant en faire le deuil.

À moins d’être ingénieur en mécanique, vous ne parviendrez jamais à parfaitement calculer votre haubanage, autant en faire le deuil.

Pour compenser vous devrez donc vérifier régulièrement la tension des haubans et mesurer si votre arbre ou vos branches ont gagné ou perdu en angle d’inclinaison, puis adapter le haubanage en fonction, pas le choix !

Toutefois, pour partir sur de bonnes bases :

  1. Déterminez la hauteur de la sangle ou du collier sur le tronc, à environ 2/3 de sa hauteur.
  2. Déterminez les zones d'ancrage au sol : 2, 3 ou 4 pour les plus gros sujets. C’est l’écartement des points d’ancrage par rapport au tronc qui va permettre de contrôler l’angle compris entre 45 et 60°
  3. La distance d’implantation des piquets d’ancrage à tête bouclée au pied de l’arbre dépend de la hauteur de celui-ci et de son type : couronné ou fléché.

Hauteur de l’arbre /// Distance entre pieu et tronc

  • 2 à 3 m  /// 1,50 m
  • 2,5 à 4,5 m /// 2 m
  • Arbre couronné de 1,5 à 3 m /// 2,30 à 5 m 
  • Arbre fléché de 2 à 5 m /// 3 à 11 m
tuteurer arbre

Quelles alternatives pour redresser un arbre ?

Selon le degré d’inclinaison de l’arbre, et son état de développement, il existe d’autres solutions avant le haubanage.

Élaguer en taille douce

Si c’est le poids du houppier qui fait pencher l’arbre, une taille régulière et douce permettra de répartir le poids des branches et de redresser naturellement et progressivement celui-ci.

Élaguer en taille drastique

Si le vent et le poids des branches ont déjà commencé à faire pencher le tronc dans sa structure, il faudra procéder à un élagage plus drastique et éventuellement sacrifier quelques branches structurelles pour essayer de rééquilibrer toute l’architecture de l’arbre.

Tuteurer

Lorsque cela est encore possible (l’arbre est encore jeune, pas trop enraciné, pas trop touffu, le vent n’est ni trop intense ni trop fréquent…), le tuteurage peut être une bonne alternative. Il faut pour cela que le développement racinaire soit encore modéré, sinon les tuteurs pourraient blesser les racines et occasionner des dommages.

tuteur arbre

Les tuteurs fonctionnent bien sur les arbres-tiges. On les plante à 45° et on les ligature avec une gaine ou collier anti blessure (collier de serrage en huit) au tronc.

Dans certains cas, le tuteurage bipode représente une solution intermédiaire entre le tuteurage et le haubanage. Dans ce cas deux tuteurs entourent l’arbre, et sont reliés entre eux par un troisième tuteur en demi-rondin.

Déraciner/replanter

Lorsque ni le tuteurage ni le haubanage ne peuvent redresser (littéralement) la situation d’un arbre trop penché, il reste la solution de déraciner, puis replanter dans un endroit moins exposé, un sol plus plan, avec de meilleures conditions de développement.

On replante l’arbre tel quel, avec aucune infrastructure alentour qui serait menacée en cas de chute.

Recéper

C’est la solution la plus draconienne, lorsqu’il n’y en a plus aucune autre !

On abat l’arbre de manière à ce que la souche reste en place et produise des rejets suffisamment vigoureux.

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À quel moment faut-il haubaner ?

Si votre arbre a été déraciné, il faudra faire le haubanage dès que possible, quelle que soit la saison.

En ce qui concerne les arbres fruitiers, il est important de poser les haubans à la période où les arbres ont le plus de charge (période de fructification) afin de donner la meilleure tension aux haubans.

De manière générale il n’y a pas vraiment de saison pour haubaner, juste une appréciation du danger encouru et de l’urgence. On fait généralement poser le haubanage dynamique entre fin mai et début septembre et pour le haubanage statique on préfère attendre entre décembre et février.

Le système de haubanage d’arbre doit dans tous les cas rester en place au moins 2 ou 3 ans, le temps que l’assise racinaire de l’arbre soit suffisamment solide, et ad vitam si l’arbre présente un danger de chute.

Le matériel pour haubaner un arbre

Le matériel d'haubanage pour l'arbre (on parle aussi parfois de kit haubanage arbre) sera à choisir en fonction de la taille de l’arbre (arbuste ou sujet adulte), de sa situation (légèrement penché à déraciné) et de la nature du terrain (pieux d’ancrage bois ou acier, selon le type de sol et la tension à supporter).

professionnel haubanage

Le minimum est constitué de :

  • Des points d’ancrage : pieux ou poteaux enfoncés dans le sol.
    Certains peuvent même être coulés dans le béton si l’arbre est particulièrement gros et lourd).
    En fonction de l’exposition au vent, il faudra choisir un pieu de section plus ou moins importante.
    Au minimum il faut un pieu de 80 cm de long, enterré à 50 % (40 cm). Notez qu’il existe des piquets d’ancrage à tête bouclée repositionnables, qui se vissent dans le sol.
  • Du câble pour haubaner un arbre et relier l’arbre aux pieux : le diamètre du câble là encore dépendra de la tension.
    Du simple fil de fer gainé, de la corde tressée en lin, de la corde polypropylène ou polyéthylène, ou du câble acier.
    Le câble haubanage arbre peut aller d’une résistance de 1 à 12 tonnes et est généralement garanti 10 ans (après quoi il faut le remplacer).
    Il existe plusieurs types de haubans pour arbre : statique, semi-statique ou dynamique. La résistance à la tension est proportionnelle à l’épaisseur de la corde/du câble.
  • De la sangle haubanage arbre : pour être utilisée comme tendeurs, placée au bout de chaque câble, pour régler la tension par vissage ou dévissage. On l’utilise également pour haubaner les branches entre elles (hors sol).
  • Des serre-câbles, étriers et vis à œil : ces dispositifs de fixation servent à fermer les boucles formées avec les câbles et à les attacher aux sangles de haubanage.
  • Pour mettre en place tout cela : escabeau, masse, clé plate, pince coupante, mètre ruban, gants, scie d’élagage, mastic de cicatrisation et équipement personnel de sécurité.

Exemple de prix de matériel de haubanage :

  • Pour une résistance 2 tonnes en haubanage dynamique : environ 140 €
  • Pour une résistance 2 tonnes en haubanage semi-statique : environ 475 €
  • Pour une résistance 4 tonnes en haubanage dynamique : environ 340 €
  • Pour une résistance 8 tonnes en haubanage dynamique : environ 450 €
  • Pour une résistance 8 tonnes en haubanage semi-statique : environ 570 €

Gaines de haubanage

gaine haubanage arbre

Si votre câble ou corde n’est pas gainé, il vous faudra des gaines de haubanage, pour protéger l’arbre et éviter toute blessure d’étranglement ou de friction !

Prix pour faire haubaner un arbre par un professionnel

Le tarif d’intervention d’un élagueur ou spécialiste arboricole pour haubaner un arbre penché ou dépendra de plusieurs facteurs.

  • Si l’arbre a été déraciné, il faudra un treuil pour le relever et le remettre en terre sans le traumatiser.
  • Si l’arbre est particulièrement gros, il faudra plusieurs personnes pour le manipuler et le guider, et probablement une location de nacelle.
  • Un élagage au moins sommaire devra être réalisé, pour couper les branches cassées ou alléger le houppier. Dans ce cas, si vous faites évacuer les déchets ajoutez au moins 30 € forfaitaires.
  • Comptez au minimum 200 € de matériel type kit de haubanage (hors location d’engins), plus la main d’œuvre et les frais de déplacement.
  • L’opération prendra au minimum 3 heures de travail. 1 journée s’il s’agit d’un gros sujet (7 heures).

En moyenne le prix pour faire haubaner un arbre par un professionnel se situe donc entre 350 et 950 €.